Equiper tous les lieux publics de défibrillateurs

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Lorsqu’il y a une vingtaine d’années, le docteur Mirovsky, médecin américain, voit mourir un de ses amis d’un arrêt cardiaque par trouble du rythme (fibrillation ventriculaire), il a l’idée de mettre au point un appareil défibrillateur que l’on puisse implanter dans l’organisme de façon permanente afin qu’il agisse immédiatement pour rétablir le rythme cardiaque et éviter la mort subite.

Lorsque plus récemment, en France, un ancien ministre de la République meurt d’un arrêt cardiaque survenu en pleine séance de l’Assemblée Nationale, on déplore ne pas avoir eu sous la main un appareil défibrillateur qui aurait pu lui sauver la vie. A quelques années d’intervalle, ces deux histoires rappellent la gravité de l’arrêt cardiaque par fibrillation ventriculaire et la nécessité d’un traitement immédiat au moyen d’appareils défibrillateurs.

L’arrêt cardiaque : un problème de rythme.
Le cœur est un muscle qui se contracte à intervalles réguliers pour envoyer dans l’ensemble de l’organisme par le biais des artères, le sang oxygéné en provenance des poumons. Il pompe également par le biais des veines le sang utilisé par l’organisme et le renvoie vers les poumons pour qu’il soit oxygéné.

Chaque battement cardiaque que l’on peut percevoir en prenant le pouls correspond à un cycle complet du sang dans l’organisme. Les oreillettes droite et gauche correspondent aux phases de pompage, et les ventricules droit et gauche aux phases d’éjection. Les contractions régulières du muscle cardiaque sont provoquées par de faibles courants électriques émis par des groupes de cellules à l’intérieur même du cœur.

Ces courants électriques peuvent être enregistrés par un électrocardiogramme. Le « rythme » ainsi provoqué est normalement régulier et sa fréquence est autour de 60 battements par minute. Ce rythme peut être modifié par des éléments extérieurs comme une augmentation des besoins en oxygène lors d’un effort, ce qui provoque son accélération. Ces modifications sont physiologiques.

En revanche dans certaines conditions de souffrance du muscle cardiaque comme par exemple un rétrécissement des artères coronaires (les artères nourricières du cœur) les cellules responsables du rythme cardiaque peuvent être lésées et provoquer un rythme anarchique aboutissant à une véritable « crampe » du cœur. Il n’assure alors plus sa fonction et la mort est imminente.

Cette « crampe » du muscle cardiaque est appelée fibrillation. Si la fibrillation touche les oreillettes elle est appelée fibrillation auriculaire et ne provoque en général pas d’arrêt cardiaque. Si elle touche les ventricules elle est appelée fibrillation ventriculaire et aboutit à la mort par arrêt cardiaque en l’absence de traitement.

L’intérêt des chocs électriques.
Certains arrêts cardiaques ne sont pas dus à un rythme anarchique des contractions mais à une inefficacité de celles-ci. Leur traitement requiert outre les gestes élémentaires de réanimation comme le massage cardiaque et le bouche-à-bouche, l’administration intra-veineuse d’adrénaline. Pour les arrêts par fibrillation il s’agit essentiellement de phénomènes électriques et outre les manœuvres de réanimation, il faut appliquer au cœur un choc électrique pour que toutes les cellules reviennent en phase et assurent un rythme régulier. Ce traitement ne souffre aucun délai.

Comment assurer des chocs électriques de défibrillation.
La réalisation d’un choc électrique pour traiter une fibrillation ventriculaire est assurée par des appareils appelés défibrillateurs. Il s’agit soit d’appareils externes initialement manipulés en urgence par des médecins ou des secouristes, soit d’appareils miniaturisés que l’on peut implanter sous la peau et relier au cœur par des électrodes.

Ces appareils miniaturisés automatisés sont destinés à des personnes qui ont un fort risque de faire un jour une fibrillation ventriculaire, soit qu’elles aient une maladie du rythme cardiaque pouvant se compliquer de fibrillation, soit qu’elles aient déjà fait une fibrillation ventriculaire et qu’elles en aient réchappé. La disponibilité d’un choc électrique thérapeutique devient alors permanente.

Le défibrillateur est-il le seul moyen d’empêcher une fibrillation ventriculaire ?
En urgence, seul le choc électrique peut rendre un rythme normal au cœur, mais chez les patients à risque, un traitement à long terme à base d’amiodarone et de bêta-bloquants permet de réduire le risque de survenue d’une fibrillation.

A lire aussi : Qu’est ce qu’un infarctus du myocarde ?

Passé, présent et avenir du traitement de la fibrillation ventriculaire
Depuis 1961, date du premier choc électrique externe et 1982, date de la première implantation d’un défibrillateur automatique en occident, était-il encore possible de faire des progrès ? Oui si l’on considère que la victime d’un arrêt cardiaque qui survient en dehors de l’hôpital a une chance de survie de moins de 5%.

La première solution était de diffuser plus largement l’implantation de défibrillateurs aux patients à risque.

La deuxième solution est de favoriser la diffusion des défibrillateurs externes semi-automatiques. Ces appareils qui existent depuis une trentaine d’années font le diagnostic de fibrillation par enregistrement électrocardiographique et permettent donc à des non-médecins de pratiquer un choc électrique en cas de besoin. La législation permet aujourd’hui à tout témoin de les utiliser, et leur diffusion doit être considérablement élargie dans les lieux publics : stades, gares, aéroports, mairie, centres commerciaux, etc.

Une telle mesure contribue à sauver de plus en plus de vies…

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Source : par Dr Renaud Guichard, chirurgien, La Revue du Praticien n°1 Tome50 Janvier 2000 Manuel de Secourisme. Norbert Vieux ‒ Flammarion Médecine Sciences Secourisme T3 : détresses circulatoires. Ouvrage collectif. Flammarion Médecine Sciences

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